mercredi 13 janvier 2016

Significations et symboles des médaillons incrustés au plancher de l’église de Saint-Augustin

«  Il est habituel, dans les églises catholiques, d’utiliser les motifs au sol pour proposer un parcours spirituel et significatif.

Le médaillon situé près de la porte d’entrée nous rappelle que nous avons franchi le seuil de la maison de Dieu et que nous sommes désormais au cœur d'un temple qui lui est spécialement consacré. Il est constitué de deux symboles. Le premier est le Chrisme; un monogramme formé par la superposition des deux premières lettres du mot Χριστός (Christ) en Grec ancien.  Il s’agit d’un symbole chrétien ancien dont la popularisation remonte à l’empereur romain Constantin qui l’aurait utilisé sur ses étendards lors de la bataille décisive du pont Milvius en 312 après l’avoir aperçu en songe. Le Chrisme est flanqué de chaque côté par la première et la dernière lettre de l’alphabet grec, à savoir l’Alpha et l’Oméga qui nous rappellent que toute chose est en Dieu puisqu’il est à la fois le commencement et la fin. La combinaison de ces deux symboles remonte à l'Antiquité chrétienne et nous rappelle le lien étroit entre l'œuvre du Christ et la Création.

Les petits médaillons de l’allée centrale ont un rôle principalement décoratif. Toutefois, l’usage de l’étoile n’est pas anodin et nous rappelle l’étoile de Bethléem qu’on suivi les mages à la naissance du Christ afin de rencontrer le Dieu incarné. Il n’est donc pas un hasard que cette étoile emprunte aussi la forme de la rose des vents qui guide nos pas vers la bonne direction.

Au bout de l'allée centrale, le dernier médaillon, situé devant le chœur, se base sur la théologie de saint Augustin d'Hippone à qui notre église est dédiée. L'œuvre philosophique et religieuse de celui-ci est intimement liée à la pratique des vertus théologales telles que décrites par saint Paul et s'illustre par les symboles chrétiens de la
foi (la croix), de l'espérance (l'ancre) et de la charité (cœur). La localisation du cœur en plein centre du médaillon nous rappelle que toute chose accomplie sans la charité est vaine puisque contraire à l'Amour de Dieu. Puisque ces vertus mènent à Dieu, elles sont localisées face au tabernacle qui renferme la présence réelle.

De cette manière, la boucle théologique est complétée puisque le fidèle retourne, par le
Fils, vers le Père éternel; commencement et fin de toute chose."

Matthieu Lachance
Architecte spécialiste en histoire des bâtiments patrimoniaux du Québec.